Ça veut dire quoi faire un deuil?

Vous avez peut être entendu parler du « travail » de deuil. Personnellement je trouve ce terme un peu particulier d’un point de vue émotionnel. Si on demande à vos émotions, elles vous diront que faire un deuil, ce traduit en 2 étapes :

  • « prendre conscience » qu’une personne est décédée. Or quand il n’est pas possible de savoir si une personne est décédée (disparition, enlèvement, corps non retrouvé…), le travail a donc du mal à se faire. Et je pense qu’il est difficile pour les proches concernés de perdre espoir sur ce point. Prendre conscience est donc le fait de réaliser qu’une personne est décédée.
  • « solder » vos émotions par rapport à ça. Cette partie est censée se faire plus « spontanément » je dirais. C’est-à-dire que vos émotions ont pour rôle de vous transmettre un message, une information pour vous permettre de vous accompagner dans cette étape particulière. Comme si elles vous prenaient main dans la main pour vous aider. Or c’est souvent sur cette partie là que ça « bloque » pour différentes raisons.

Conseils pour entreprendre un travail de deuil

Comme vous avez pu le lire plus haut, les phases de deuil d’un point de vue émotionnel sont au nombre de 2 : prendre conscience et solder vos émotions. Sur cette 2ème partie, « solder » vos émotions, qu’est-ce que cela veut dire? Cela veut dire entendre ce que vos émotions ont à vous dire. Sauf que l’on manque vraiment de compréhension sur les émotions. Vous trouverez le B.a-ba des émotions ici si vous le souhaitez. Alors voici les émotions clés sur ce sujet. En fonction des circonstances, il peut y avoir d’autres ressentis qui rentrent en compte. Je parle ici des principales concernées.

Votre tristesse, message de soutien

Votre tristesse est clé dans le cadre d’un décès. Elle est là pour vous dire notamment que la personne était importante pour vous.

Adulte, vous êtes souvent plus à même de savoir ce que veut dire « important ». Il s’agit des personnes qui comptent pour vous. Que vous aimez. Et c’est très variable d’une personne à une autre.

Enfant, cette notion est différente. Un enfant sera peut être plus triste de perdre son doudou qu’un aïeul qu’il connaissait à peine. Cela peut paraître surprenant, c’est simplement parce que son « monde » est différent de celui d’un adulte.

Votre tristesse vient vous tenir la main pour vous permettre d’avancer. A votre rythme et votre vitesse. Elle peut se traduire par des larmes pour vous. Mais il n’y aucune obligation. Cela m’amène à une question : comment savez vous que vous êtes triste? Si c’est par les larmes, c’est votre indicateur personnel. Pour d’autres personnes, cela se traduit différemment.

Votre colère, gardienne de vos valeurs

Dans le cadre de décès moins « naturels » (accidents, etc.), il peut y avoir une autre émotion clé : votre colère. Non pas votre colère vis à vis de la personne décédée ou des autres mais de la colère pour vous dire que c’est injuste par exemple. Votre colère fera toujours écho à vous, à vos valeurs personnelles. Et non aux autres. Si c’est le cas, c’est qu’un autre mécanisme s’est mis en route.

Si une personne s’est suicidée par exemple, vous pouvez être en colère car pour vous la vie est importante et que ce n’est pas une solution pour vous. Le sentiment de culpabilité peut également jouer ici car il peut faire écho au fait que vous vous êtes senti impuissant face à cette situation.

Autre exemple, si un enfant meurt, peut être que vous serez en colère parce que cela ne correspond pas aux « choses » de la vie. Un enfant n’a pas vocation à quitter ce monde avant ses parents. Il n’y a rien de « juste » derrière cela émotionnellement.

Dans tous les cas, votre colère sera toujours légitime. Elle peut se traduire par un ressenti douloureux intérieurement. Plus vous entendrez rapidement le message qu’elle vous passe, plus cela s’apaisera facilement pour vous.

Les clés pour comprendre un deuil

Si il y avait quelques clés à savoir pour aider au mieux les personnes vis à vis d’un deuil, c’est celles là :

Chacun est responsable de ses émotions

Peut être l’élément le plus clé, surtout pour les parents. Aucun parent ne peut « porter » les émotions de ses enfants. Même si on le dit, cela ne fonctionne pas comme cela, en tant que parent, vous ne pouvez pas prendre la peine/douleurs de vos enfants. Et vice versa, aucun enfant n’est responsable des émotions de ses parents. Cela veut dire qu’on ne peut pas deviner les émotions des personnes, même de ses proches, de sa famille.

Essayez déjà de mettre des émotions sur ce que vous ressentez. Si vous avez des enfants, expliquez leur les émotions que vous ressentez. En fonction de l’âge, les enfants sont de vraies éponges à émotions et il autant important de dire qu’une personne est décédée que vos émotions pour qu’ils puissent « comprendre » le rôle des émotions, surtout si c’est le 1er deuil qu’ils vivent.

Pour vous illustrer ce point, dans un des livres de Bernard Werber, le personnage principal qui a 4-5 ans se fait gronder par ses parents car il n’a pas pleuré à l’enterrement d’un membre de sa famille (un grand oncle je crois, peu importe). Et ce personnage principal, du haut de ses 4-5 ans, pour faire plaisir à ses parents, essaye de toutes ses forces de pleurer en pensant à quelque chose qu’il n’aime pas. Des brocolis. Un brocoli, ce n’est pas sa tristesse.

Les émotions n’ont aucune vocation à être « forcées », juste à être comprises par la personne qui les vit.

Avancer sans oublier

Certaines personnes ont tendance à dire qu’il faut « oublier », que ce n’est pas « grave », que ça va passer. Même si c’est souvent plus de la maladresse que de la malveillance, si c’est grave pour la personne, c’est grave.

« Faire un deuil » ne veut pas dire oublier. Et heureusement. Cela veut plutôt dire retrouver un autre équilibre avec l’absence d’une personne.

Si vous avez construit une maison et qu’un mur s’écroule, vous allez avoir besoin de temps pour réparer cette maison. Dans un 1er temps, il y aura peut être des solutions temporaires, pour faire « au mieux ». Une bâche de protection, une poutre… peu importe. Et quand le temps sera venu, peut être un nouveau mur…à moins qu’une baie vitrée soit la meilleure solution pour vous. C’est ok.

Chacun son rythme

Entre l’annonce d’un décès et le fait d’avancer, il peut se passer du temps. C’est normal. Les circonstances d’un décès peuvent rentrer en compte, les démarches administratives aussi et bien d’autres critères encore.

Conseil sur ce point : foutez vous la paix tant que vous pouvez.

Et essayez au mieux de vous écouter. Vos propres émotions sont là pour vous soutenir, si vous avez des pensées/ressentis qui vous tirent vers le bas, cela peut être un signal d’alerte pour vos émotions qui vous demandent de l’aide. Comme si quelque chose les empêchaient d’avancer. Tout le monde a le droit d’être aidé. Y compris vos ressentis.

Pour travailler avec les émotions depuis plusieurs années, la tristesse et la colère sont souvent des émotions « encombrées ». Comme si elles avaient de la concurrence en interne qu’elles ne savaient pas faire partir. Dans le cadre d’un deuil, ce qui bloque parfois, c’est cet encombrement que vos émotions n’arrivent pas à faire « partir ».

Quand en hypnose, j’accompagne dans le cadre d’un deuil, j’aide vos émotions à « désencombrer ». Et si vous voulez encore garder un bout de vos émotions, celles qui vous appartiennent vraiment (et qui sont le plus bienveillantes possible à votre égard), le temps que vous soyez prêt, c’est aussi ok. Un client me disait justement ça en fin de séance : « ce qui reste de tristesse m’appartient, elle sera capable de partir seule maintenant quand ça sera ok ».

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