Ça veut dire quoi faire un deuil?

Vous avez peut être entendu parler du « travail » de deuil. Personnellement je trouve ce terme un peu particulier d’un point de vue émotionnel. Si vous demandez à vos émotions, elles vous diront que faire un deuil, ce traduit en 2 étapes :

  • prendre conscience qu’une personne est décédée
  • et que votre jauge d’émotion reliée se solde au moment adéquate pour vous

La difficulté émotionnelle dans un deuil, c’est que parfois une ou les 2 étapes sont « encombrées », vous empêchant de faire votre deuil à votre rythme et votre vitesse.

Faire un deuil selon vos émotions

Prendre conscience qu’une personne est décédée.

Prendre conscience, cela veut dire réaliser qu’une personne est décédée. Les circonstances du décès ont souvent de l’importance.

Si c’est un décès, il peut y avoir un temps de latence, entre le moment où vous recevez l’information et le moment où vous accusez réception de l’information. C’est normal.

Mais dans le cadre de circonstances particulières (disparition, enlèvement, corps non retrouvé…), la prise de conscience peut être plus difficile car le doute est présent.

Par exemple, si une personne n’a pas été retrouvée, je pense qu’il est difficile pour les proches concernés de perdre espoir sur le fait que la personne soit en vie. C’est humain. Cela à d’ailleurs été une vraie difficulté pour les personnes qui ont vécues les guerres mondiales. Tant qu’ils n’avaient pas la certitude que leurs proches étaient décédés, ils ont gardés espoir de les retrouver un jour. Mais cela a souvent mis en suspension les étapes de deuil.

Jauge d’émotions qui se « solde »

Cette partie est censée se faire plus « spontanément » je dirais. Si votre système émotionnel est libre, une fois la 1ère étape faite, la jauge de vos émotions va entamer une descente jusqu’à être vide. Or c’est souvent sur cette partie là que ça « bloque » pour différentes raisons. Au point parfois de ressentir :

  • de la nostalgie
  • de la difficulté à passer à autre chose
  • une douleur qui n’arrive pas à passer
  • une sorte de « prise d’otage » émotionnelle

Selon les circonstances du décès (naturel ou non), différentes émotions vont se présenter. Cela n’aura pas le même impact pour vous selon si elles sont encombrées ou non. Et c’est cet encombrement qui peut créer des ressentis durables compliqués à gérer.

Les émotions en lien avec un deuil

Quelque soit le deuil que vous vivez, l’émotion principale présente est votre tristesse. Mais dans le cas de deuils non naturels (suicide, maladie, accident), une autre émotion va venir à votre secours pour vous parler : votre colère.

Vos émotions travaillent en équipe et elles ont chacune un rôle pour vous aider dans cette étape de vie qu’est le deuil.

Si vous voulez en savoir plus sur les émotions, vous trouverez le B.a-ba des émotions ici

Votre tristesse, message de soutien

Votre tristesse est clé dans le cadre d’un décès. Elle est là pour vous dire notamment que la personne était importante pour vous.

Adulte, vous êtes souvent plus à même de savoir ce que veut dire « important ». Il s’agit des personnes qui comptent pour vous.

Enfant, cette notion est différente. Pour un enfant, un caillou, un bonbon ou le père Noel est parfois plus important que le reste du monde. Cela peut paraître surprenant, c’est simplement parce que son « monde » est différent de celui d’un adulte.

Votre tristesse vient vous tenir la main pour vous permettre d’avancer, à votre rythme et votre vitesse. Elle peut se traduire par des larmes pour vous, mais pas forcément.

Les émotions étant un indicateur personnel, tant que vous, vous avez compris le message de votre tristesse, ça n’a pas forcément besoin d’être visible pour les autres.

Votre colère, gardienne de vos valeurs

Comme je le disais, dans le cadre de décès moins « naturels » (accidents, etc.), il peut y avoir une autre émotion clé : votre colère.

Votre colère va venir vous dire que ce n’est pas juste, que c’est douloureux, que ce n’est pas normal, bref elle va venir vous dire ce qui vient en incohérence avec vos propres valeurs. Votre colère fera toujours écho à vous, à vos valeurs personnelles. Et non aux autres. Si c’est le cas, c’est qu’un autre mécanisme s’est mis en route.

Par exemple : si une personne s’est suicidée, vous pouvez être en colère. Si la vie est importante pour vous et que le suicide n’est pas une solution, votre colère viendra surement vous dire que c’est injuste et douloureux.

Autre exemple, si un enfant meurt, peut être que vous serez en colère parce que cela ne correspond pas aux « choses » de la vie. Un enfant n’a pas vocation à quitter ce monde avant ses parents. Il n’y a rien de « juste » derrière cela émotionnellement.

Dans tous les cas, votre colère sera toujours légitime.

Néanmoins, cette émotion étant souvent encombrée, si vous sentez que certains ressentis ou pensées vous détruisent et ne vous aident pas, peut être que vos émotions ont justement besoin d’aide. Parfois un deuil « met en évidence » une prise d’otage de vos émotions.

Les clés pour comprendre un deuil

Si il y avait quelques clés à savoir pour aider au mieux les personnes vis à vis d’un deuil, ce sont les clés suivantes :

Chacun est responsable de ses émotions

Peut être l’élément le plus clé, surtout pour les parents.

Aucun parent ne peut « porter » les émotions de ses enfants.

Même si on vous le dit, cela ne fonctionne pas comme cela. En tant que parent, vous ne pouvez pas prendre la peine/douleurs de vos enfants. Et vice versa, aucun enfant n’est responsable des émotions de ses parents.

Cela veut dire que vous ne pouvez pas deviner les émotions des personnes, même de vos proches, de votre famille.

Pour vous illustrer ce point, dans un des livres de Bernard Werber, le personnage principal qui a 4-5 ans se fait gronder par ses parents car il n’a pas pleuré à l’enterrement d’un membre de sa famille (un grand oncle je crois, peu importe). Et ce personnage principal, du haut de ses 4-5 ans, pour faire plaisir à ses parents, essaye de toutes ses forces de pleurer en pensant à quelque chose qu’il n’aime pas. Des brocolis. Un brocoli, ce n’est pas sa tristesse.

Les émotions n’ont aucune vocation à être « forcées », juste à être comprises par la personne qui les vit.

Avancer sans oublier

Certaines personnes ont tendance à dire qu’il faut « oublier », que ce n’est pas « grave », que ça va passer. Même si c’est souvent plus de la maladresse que de la malveillance, si c’est grave pour la personne, c’est grave.

« Faire un deuil » ne veut pas dire oublier.

Vos émotions sont là pour vous soutenir et vous dire qu’il y a eu un avant et qu’il y aura un après.

Dans cet après, un défunt prendra une place différente. Peut être celle des souvenirs qui restent en mémoire, dans le coeur ❤️.

Chacun son rythme

Entre l’annonce d’un décès et le fait « d’avancer », il peut se passer du temps. C’est normal. Les circonstances d’un décès peuvent rentrer en compte, les démarches administratives aussi et bien d’autres critères encore.

Conseil sur ce point : essayez de vous foutre la paix tant que vous pouvez. Vos émotions feront le maximum pour vous soutenir.

Mais si vous avez des pensées/ressentis qui vous tirent vers le bas, cela peut être un signal d’alerte pour vos émotions qui vous demandent de l’aide. Comme si quelque chose les empêchaient de vous aider. Tout le monde a le droit d’être aidé, y compris vos ressentis.

Pour travailler avec les émotions depuis plusieurs années, la tristesse et la colère sont souvent des émotions « encombrées ». Comme si elles avaient de la concurrence en interne qu’elles ne savaient pas faire partir. Dans le cadre d’un deuil, ce qui bloque parfois, c’est cet encombrement que vos émotions n’arrivent pas à faire « partir ».

Quand en hypnose, j’accompagne dans le cadre d’un deuil, j’aide vos émotions à « désencombrer ». Et si vous voulez encore garder un bout de vos émotions, celles qui vous appartiennent vraiment (et qui sont le plus bienveillantes possible à votre égard), le temps que vous soyez prêt, c’est aussi ok.

Une cliente me disait justement ça en fin de séance : « ce qui reste de tristesse m’appartient, elle sera capable de partir seule maintenant quand ça sera ok« .

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