Ça veut dire quoi faire un deuil?
Vous avez peut être entendu parler du « travail » de deuil. Personnellement je trouve ce terme un peu particulier d’un point de vue émotionnel. Si vous demandez à vos émotions, elles vous diront que faire un deuil, ce traduit en 2 étapes :
- prendre conscience qu’une personne est décédée
- et que votre jauge d’émotion reliée soit libre pour que vous puissiez avancer à votre rythme
La difficulté émotionnelle dans un deuil, c’est que parfois une ou les 2 étapes sont « encombrées », vous empêchant de faire votre deuil à votre rythme et votre vitesse.

Étapes et émotions clés dans un deuil
Je parlerai ici du point de vue des émotions pour un deuil. Lors d’un deuil, il y 2 étapes particulières. Ces 2 étapes peuvent engendrer différentes émotions.
Faire un deuil selon vos émotions
Pour que vous puissiez avancer dans un deuil, 2 étapes vont être nécessaires : prendre conscience de ce qu’il s’est passé et que vos jauges émotionnelles soit libres. Sur chacune des étapes, les circonstances d’un décès peuvent engendrer des blocages.
Prendre conscience qu’une personne est décédée.
Prendre conscience, cela veut dire réaliser qu’une personne est décédée et les circonstances du décès ont souvent de l’importance dans cette étape. Majoritairement, la prise de conscience se fait naturellement quand vous « réalisez » ce qui vient d’arriver. Il peut néanmoins y avoir un temps de latence entre le moment où vous recevez l’information et le moment où vous accusez réception de l’information. Une sorte de temps suspendu, qui est souvent une façon pour vos émotions de vous soutenir, sans pour autant créer du déni. Malgré cela, la prise de conscience va être différente selon les circonstances.
Les décès liés aux fin de vie
Les décès de fin de vie correspondent aux morts naturelles liées à l’âge ou aux longues maladies. La prise de conscience est souvent plus facile à faire quand c’est lié à l’âge car quelque part, cela fait partie de la vie. Par exemple, le décès de Jeanne Calment à 122 ans est dans la logique des choses. Pour les longues maladies, notamment celles pour lesquelles le pronostic est engagé, la prise de conscience se fait souvent en amont du décès. Si les proches sont au courant, le déni est assez rare.
NB : prendre conscience ne veut pas dire n’avoir aucune émotion. C’est simplement avoir conscience de la réalité.
Les décès brutaux
Qu’il s’agisse de personnes décédées suite à un accident ou dans d’autres circonstances violentes, la prise de conscience peut être plus complexe ici. La raison principale étant que ce n’est pas « normal ». Cela ne rentre pas dans la logique de la vie. Le déni peut être présent pendant un certain temps car il est parfois difficile d’accepter l’inacceptable. D’ailleurs, dans ces circonstances, les proches prennent plus souvent conscience de la réalité au moment de l’enterrement ou après, quand le vide est présent. Comme si le choc de l’annonce avait besoin de temps pour être pris en compte.
Les morts non « officielles »
Dans le cadre de circonstances particulières, la prise de conscience ne pourra pas être possible car ce n’est pas officiel. Cela va être le cas pour les personnes qui ont disparues ou qui ont été enlevées. Difficile pour les proches de perdre l’espoir tant qu’ils ne savent pas réellement si la personne est encore en vie ou non. C’est humain. Demandez à quelqu’un de faire son deuil dans ces circonstances là, c’est comme lui dire d’enterrer tout espoir.
Jauge d’émotions qui se « solde »
Pour cette 2ème étape, vos émotions vont vous accompagner naturellement si elles sont libres et se solderont au moment opportun pour vous. Mais si ce n’est pas le cas, vous allez malheureusement vous retrouvez avec différents symptômes qui peuvent se présenter :
- nostalgie
- difficulté à passer à autre chose
- douleur qui n’arrive pas à passer
- sentiment de vide infini
- larmes qui jaillissent dès que vous parlez de la personne
- dépression
- etc.
Comme je le disais en amont, les circonstances d’un décès sont importantes. Elles peuvent engendrer des symptômes variables qui peuvent se présenter à différents moments pour vous :
- au moment de l’annonce du décès
- lors de l’enterrement
- après la cérémonie d’adieu
Les émotions en lien avec un deuil
Quelque soit le deuil que vous vivez, l’émotion principale présente est votre tristesse. Mais dans le cas de deuils non naturels (suicide, maladie, accident), une autre émotion va venir à votre secours pour vous parler : votre colère. Tout en sachant qu’une émotion est un indicateur personnel : elle vient vous transmettre des informations, ce qui permet de faire disparaître leur jauge après. Si vous voulez en savoir plus sur les émotions, vous trouverez le B.a-ba des émotions ici
Votre tristesse, message de soutien
Votre tristesse est clé dans le cadre d’un décès. Elle est là pour vous dire que la personne était importante pour vous.
Adulte, vous êtes souvent plus à même de savoir ce que veut dire « important ». Il s’agit des personnes qui comptent réellement pour vous. Enfant, cette notion est différente. Pour un enfant, un caillou, un bonbon ou le père Noel est parfois plus important que le reste du monde. Cela peut paraître surprenant mais c’est simplement parce que leur perception du monde est différente de celui d’un adulte.
Votre tristesse vient vous tenir la main pour vous permettre d’avancer, à votre rythme et votre vitesse. Elle sert de relai entre le avant et le après, pour vous soutenir dans cette étape particulière. Côté expression, elle peut se traduire par des larmes mais ce n’est pas obligatoire. Les émotions étant un indicateur personnel, tant que vous, vous avez compris le message de votre tristesse, ça n’a pas forcément besoin d’être visible pour les autres.
Votre colère, gardienne de vos valeurs
Comme je le disais, dans le cadre de décès moins naturels (accidents, etc.), il peut y avoir une autre émotion clé : votre colère. Elle peut venir vous dire par exemple que ce qu’il s’est passé n’est pas juste, que c’est douloureux ou que ce n’est pas normal. Bref elle va venir vous dire qu’il y a une incohérence avec vos propres besoins ou valeurs. Votre colère fera toujours écho à vous et non aux autres. Si c’est lié aux autres, c’est qu’un autre mécanisme s’est mis en route.
Par exemple : si une personne s’est suicidée, vous pouvez être en colère. Si la vie est importante pour vous et que le suicide n’est pas une solution, votre colère viendra surement vous dire que c’est injuste et douloureux. Autre exemple, si un enfant meurt, peut être que vous serez en colère parce que cela ne correspond pas aux choses de la vie. Un enfant n’a pas vocation à quitter ce monde avant ses parents. Il n’y a rien de « juste » derrière cela émotionnellement.
Dans tous les cas, votre colère sera toujours constructive. Néanmoins, cette émotion étant souvent encombrée, si vous sentez que certains ressentis ou pensées vous détruisent et ne vous aident pas, c’est le signe que vos émotions ont besoin d’aide. Parfois un deuil met en évidence un encombrement de vos émotions.
Les clés pour comprendre un deuil
Si il y avait quelques clés à savoir pour aider au mieux les personnes vis à vis d’un deuil, ce sont les clés suivantes :
Chacun est responsable de ses émotions
Peut être l’élément le plus clé, surtout pour les parents. Aucun parent ne peut « porter » les émotions de ses enfants, même avec la meilleure volonté. Cela ne fonctionne pas comme cela. En tant que parent, vous ne pouvez pas prendre la peine/douleurs de vos enfants. Et à l’inverse, aucun enfant n’est responsable des émotions de ses parents.
Cela veut dire que vous ne pouvez pas deviner les émotions des personnes, même de vos proches, de votre famille.
Pour vous illustrer ce point, dans un des livres de Bernard Werber, le personnage principal qui a 4-5 ans se fait gronder par ses parents car il n’a pas pleuré à l’enterrement d’un membre de sa famille (un grand oncle je crois). Et ce personnage principal, du haut de ses 4-5 ans, pour faire plaisir à ses parents, essaye de toutes ses forces de pleurer en pensant à quelque chose qu’il n’aime pas. Des brocolis. Un brocoli, ce n’est pas sa tristesse.
Les émotions n’ont aucune vocation à être « forcées », juste à être comprises par la personne qui les vit.
Avancer sans oublier
Certaines personnes ont tendance à dire qu’il faut « oublier », que ce n’est pas « grave », que ça va passer. Même si c’est souvent plus de la maladresse que de la malveillance, si c’est grave pour la personne, c’est grave. Faire un deuil ne veut pas dire oublier. Vos émotions sont là pour vous soutenir et vous dire qu’il y a eu un avant et qu’il y aura un après. Dans cet après, un défunt prendra une place différente. Peut être celle des souvenirs qui restent en mémoire, dans le coeur ❤️.
Chacun son rythme
Entre l’annonce d’un décès et le fait « d’avancer », il peut se passer du temps. C’est normal. Les circonstances d’un décès peuvent rentrer en compte, les démarches administratives aussi et bien d’autres critères encore.
Conseil sur ce point : essayez de vous foutre la paix tant que vous pouvez, il n’y a pas d’étapes clés particulières ou de rythme universel. Vos émotions feront le maximum pour vous soutenir.
Mais si vous avez des pensées/ressentis qui vous tirent vers le bas, cela peut être un signal d’alerte pour vos émotions qui vous demandent de l’aide. Comme si quelque chose les empêchaient de vous aider. Tout le monde a le droit d’être aidé, y compris vos ressentis.
Pour travailler avec les émotions depuis plusieurs années, la tristesse et la colère sont souvent des émotions « encombrées ». Comme si elles avaient de la concurrence en interne qu’elles ne savaient pas faire partir. Dans le cadre d’un deuil, ce qui bloque parfois, c’est cet encombrement que vos émotions n’arrivent pas à faire « partir ».
Quand en hypnose, j’accompagne dans le cadre d’un deuil, j’aide vos émotions à « désencombrer ». Et si vous voulez encore garder un bout de vos émotions, celles qui vous appartiennent vraiment (et qui sont le plus bienveillantes possible à votre égard), le temps que vous soyez prêt, c’est aussi ok. Une cliente me disant cela en fin de séance :
« ce qui reste de tristesse m’appartient, elle sera capable de partir seule maintenant quand ça sera ok« .