Hypnologue, hypnothérapeute, hypnopraticien, coach en hypnose?

Depuis quelques temps, on retrouve des termes différents pour l’utilisation d’un même outil : l’hypnose. Hypnothérapeute, hypnologue, hypnotiseur, praticien en hypnose, hypnopraticien(ne), coach en hypnose, alors pourquoi autant de références différentes d’hypno? Qu’est-ce que ça change pour vous clients ou pour vous praticiens?

Cette multitude de termes est en fait liée à une question posée au Sénat en 2018. Cette question avait pour objectif de faire enregistrer l’hypnose de « mieux-être » au RCNP (Registre National de la Certification Professionnelle, ce que le Sénat refusa.

Source : https://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ181107492.html

Hypno quoi, question au Sénat et confusion

Commençons par examiner ce qui a fait polémique. Etant donné que le métier d’accompagnant en hypnose est aujourd’hui classé dans le registre des métiers entre toiletteur pour chien et voyance, on comprend qu’un minimum de reconnaissance soit souhaité. Et c’est pour cela que cette question a été posée au Sénat.

Or, le Sénat a refusé cette enregistrement. Il a notamment argumenté son refus par le fait que le terme d’ « hypnothérapeute » soit présenté. Car pour le Sénat, ce terme peut « laisser à penser pour le public la réalisation d’un diagnostic et la mise en œuvre d’un protocole de soins propre au corps médical». On pourrait débattre longtemps sur ce qu’évoque réellement ce terme pour la plupart des gens, mais on risquerait d’y perdre de l’énergie. D’autres métiers ont d’ailleurs subis les mêmes contraintes de précision de langage.

Ce qui me paraît important en effet, c’est que les gens soient avertis et qu’il n’y ait aucune confusion. Par exemple, un accompagnant en hypnose n’est pas obligatoirement un médecin. L’inverse non plus d’ailleurs.

Dans hypnothérapeute, il y a « thérapie ». « Thérapie » nous vient du grec therapeia qui veut dire soin. Et selon le dictionnaire Larousse, une thérapie est un « Traitement médical en général et, en particulier, psychothérapie. ». Soin, médical…ça vous évoque quoi? Le milieu médical, paramédical, non? Du coup, ça étaye un peu l’explication du Sénat, n’est-ce pas? Oui mais aujourd’hui, le mot thérapie apparaît dans beaucoup de choses. Même dans l’art puisqu’on parle d’art thérapie. Est-ce que cela voudrait dire que si on fait faire de l’art, on pourrait donner l’impression d’être un médecin? A vos copies, vous avez 3 heures!

Et si le vrai débat derrière ce refus était ailleurs? Allons voir la piste des statistiques, car j’ai l’impression qu’elle pourra nous permettre d’y voir plus clair.

Statistiques, dis-moi où est la vérité!

On pourrait classer ceux utilisant l’hypnose en 2 catégories principales * :

  • Les professionnels de la santé (ceux qui ont un numéro Adeli) : les médecins dont les psychiatres, infirmiers, sages-femmes, etc. Les psychologues. Le milieu médical et paramédical.
  • Les autres. Ceux qui utilisent l’hypnose comme principal outil d’accompagnement par exemple. Aucun numéro d’Adeli mais un numéro de Siret a minima car cela veut dire que nous avons une entreprise pour exercer ce métier. Ceux qui utilisent l’hypnose comme outil complémentaire avec d’autres, comme les coachs, kinésiologues, sophrologues, formateurs, etc.

Je ne connais pas les statistiques exacts de répartition de ces titres d’ « hypno ». Pour avoir fait une étude de marché sur la ville de Nantes avant de m’installer, la catégorie « les autres » semble beaucoup plus nombreuse.

*je met de côté l’hypnose de spectacle qui a pour vocation de divertir et qui est bien différente de l’hypnose d’accompagnement
Un peu d’histoire pour recadrer

L’histoire ne fait pas tout, mais c’est important parfois de l’avoir en tête pour mieux comprendre le présent. L’hypnose existe depuis fort longtemps. Elle a pu prendre différentes formes selon les cultures. Mise de côté un temps par le milieu médical au profit des anesthésies chimiques début du 20ème siècle, elle revient dans les accompagnements depuis plusieurs années. On voit fleurir les formations en hypnose et son utilisation, que cela soit pour le milieu médical, celui paramédical ou pour d’autres métiers. Et c’est plutôt chouette je trouve.

Un engouement pour l’hypnose trop noble?

Pour ceux qui ne croit pas à l’hypnose, vous allez me dire, pourquoi un tel engouement pour l’hypnose? Pour ceux qui y croit, peut-être voulez vous aussi savoir pourquoi? Plusieurs pistes me viennent à l’esprit :

Les «bons résultats» de l’hypnose sur l’être humain

Les études scientifiques ont continuées depuis les expériences de Charcot avec des personnes hystériques, de façon plus encadrées, détaillées et peut-être plus ouvertes. L’hypnose est même utilisée de plus en plus pour en anesthésie médicale, une preuve non?

L’envie de mieux accompagner les personnes

En complétant ses connaissances, on peut avoir un point de vue différent et mieux aider les personnes même sur un métier éloigné. Un financier qui est allé sur le terrain pour savoir comment travaille les équipes de chantier, en s’intéressant réellement à leur fonctionnement, sera mieux à même de les aider que si il reste le nez derrière son bureau, non? Élargir ses points de vue, changer d’angle, ça aide souvent à progresser.

L’argent

Entre le prix d’une consultation en hypnose et le prix d’une consultation chez le médecin ou un psychologue, il y a une différence. La prise en charge par la sécurité sociale et l’encadrement juridique des prix y est pour beaucoup. Du coup l’hypnose permet potentiellement de déplafonner : autre métier, autre règle, autre prix. Et il y a aussi tout ce qui entoure l’application de l’hypnose comme les formations.

Il y aurait sûrement d’autres raisons, libre à chacun d’avoir les siennes d’ailleurs.

Pour la dernière piste, j’avoue que cela me fait tiquer.

Ne serait-ce pas pour cela tout ce débat de vocabulaire pour le même métier ? Et comme je vois de plus en plus de publicité pour des formations liées à l’hypnose, cela me donne envie de creuser un peu plus sur le sujet.

Les écoles de formation ou la fable du corbeau et du renard. 

Dernier point pour expliquer à quel point les enjeux ne sont pas toujours ce que l’on pense en zoomant sur les écoles de formation d’hypnose que j’ai classé en 3 catégories :

  • Certaines écoles encouragent les gens à choisir un « hypno » qui doit être « avant tout un professionnel de la santé ». Et là elles parlent bien sûr d’hypnothérapeutes. C’est compréhensible quand on sait que leur formation est exclusivement réservée aux professionnels de la santé. Je suppose que tout leur business plan est basé là dessus. C’est le même principe de business plan il me semble que certaines grandes écoles de commerce et ingénieur d’ailleurs.
  • D’autres formations sont semi-ouvertes : 1er cycle ouvert à tous, 2nd cycle réservé aux professionnels de la santé par exemple. Il peut y avoir pour certaines spécialités plus orientées pour le milieu médical comme l’anesthésie (pour les opérations ou les accouchements). Cela paraît cohérent, qui serait à l’aise pour se opérer par un non chirurgien?
  • D’autres sont simplement ouvertes à tous.

Je n’ai pas encore vu de formation en hypnose excluant les professionnels de la santé par contre. De mon expérience personnelle, certaines personnes sont très très compétentes sans pour autant avoir le titre/diplôme. Et l’inverse est malheureusement vrai aussi. Malheureusement, parce que parfois le titre est un laisser passer à certaines fonctions/postes sans prendre en compte les savoirs-être. 

On peut peut être laisser une chance aux volontaires pour valider ces titres ou avoir un poste différent en entreprise? L’ habit ne fait pas le moine comme on dit. A moins que les enjeux soient autres que le partage et la montée en compétence, mais c’est un autre débat, non?

Le choix du titre « Hypno »

Pour conclure, je dirais que le choix du titre comme hypnologue, hypnothérapeute, hypnopraticien, coach ou autre hypno dépend de la personne qui l’utilise. Hypnothérapeute est plutôt laissé au milieu médical pour éviter toute confusion. Hypnologue serait une personne qui s’intéresse à l’hypnose et ses mécanismes. Praticien en hypnose, consultant en hypnose ou hypnopraticien sont plutôt des termes utilisés par des personnes qui n’ont suivi aucun cursus médical ou paramédical.

Est-ce que le titre « hypno » change quelque chose pour les clients ou patients? Non. Est-ce que c’est un critère de sélection? C’est possible si vous écoutez les écoles qui forment des élèves à l’hypnose.

Je vous laisse faire votre propre avis. De mon côté mes clients ont l’air plutôt contents selon leurs retours.

2 réflexions sur “Hypnologue, hypnothérapeute, hypnopraticien, coach en hypnose?”

  1. Ping : Auto-hypnose, hypnose guidée, séance d’hypnose, quelles différences

  2. Ping : Quand je serais grande... - Audrey Massiot

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